Les trottinettes électriques ou la nuisance des bons sentiments – Radio France

Vous avez déjà observé un conducteur de trottinette électrique ? Il se tient bien droit, le torse gonflé, aussi fier que s’il avait libéré le Donbass ou découvert un vaccin contre la bronchiolite. Et c’est normal : le trottinettiste (pardon pour le néologisme) a l’assurance de ceux qui savent qu’ils appartiennent au camp du bien, celui du développement durable et du combat contre les gaz à effet de serre. Malheureusement, la réalité n’est pas tout à fait aussi idyllique. Parce qu’à l’usage, la trottinette se révèle un moyen de transport nettement moins cool qu’il y parait, et même carrément dangereux.
Les trottinettes et autres gyropodes ou monoroues ont tué 7 personnes en 2020 et 24 personnes l’année dernière (c’est trois fois plus, soit dit en passant, que les décès liés à la chasse).
La première raison est qu’il y en a de plus en plus. Vous savez que dans beaucoup de villes françaises, elles sont désormais disponibles en libre-service, fournies par des start-ups le plus souvent américaines qui les proposent en location de courte durée. Il y en a environ 15 000 rien qu’à Paris.
Les patrons de ces entreprises, des jeunes gens toujours souriants en tee-shirts noirs et sneakers, font assaut de lobbying pour convaincre les municipalités que leurs trottinettes sont une alternative propre et verte à la voiture. En omettant soigneusement d’ajouter que les conducteurs qui utilisent ces engins sont bien souvent des dangers publics.
Car plus qu’un moyen de transport urbain, la trottinette électrique est d’abord un instrument de contournement. Si elle a autant de succès, c’est parce qu’elle se faufile partout, permet d’éviter les embouteillages, mais aussi, ce qui est nettement moins sympathique, les contraintes du code de la route. Que celui qui n’a jamais vu une trottinette rouler en trombe sur un trottoir, bruler délibérément un feu rouge ou être abandonnée en pleine rue lève la main !
Au siècle dernier, les trottinettes étaient des jouets. C’est peut-être pour cela que tant de leurs utilisateurs se comportent comme des enfants capricieux, totalement indifférents à leurs contemporains. Un peu comme ces militants écologistes qui empêchent des milliers de gens de travailler en bloquant le périphérique parisien pour alerter contre le réchauffement.
Il n’y a parfois rien de plus nuisible que les bons sentiments.

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