Sujets relatifs :
De constructeurs, certaines marques automobiles sont devenues, en électrifiant leur gamme, des opérateurs de bornes de recharge… entre autres.
© Renault Group
Entre des normes européennes contraignantes et des crises de composants à répétition, produire des véhicules n’a – semble-t-il – plus rien d’enthousiasmant. En témoignent l’actuelle diversification des activités des marques automobiles. Et si les constructeurs étaient devenus des fournisseurs de mobilité plus que des fabricants de voitures ?
Il y a quelques jours, Hyundai Motor Group annonçait le déploiement de deux robots basés sur sa plateforme modulaire Plug & Drive (PnD) – présentée pour la première fois au CES 2022 – et intégrant une technologie de conduite autonome. Testées à Séoul au sein de l'hôtel Rolling Hills pour faire le service des clients en chambres, mais aussi pour épauler la livraison du dernier kilomètre d'un complexe commercial, ces unités monoroue combinant direction intelligente et capteurs Lidar interpellent car ils ne sont, pour une fois, pas un concept imaginé par une start-up innovante mais bien la création d’un constructeur existant depuis le siècle dernier (1967 pour être exact).
>> À LIRE AUSSI : CES 2023 : nouveau florilège d’innovations pour l’automobile et la mobilité de demain
Un constat qui n’a finalement rien d’exceptionnel. Pris en tenaille entre des réglementations de plus en plus strictes en matière d’électromobilité et des difficultés d’approvisionnement qui tardent à se résorber, les marques automobiles délaissent petit à petit leur cœur de métier originel (la production de voiture) pour élargir leurs domaines de compétences. Les constructeurs se muent ainsi en loueurs, banquiers, développeurs ou encore vendeurs de vélos…
Preuve en est Peugeot qui, en plus de posséder un catalogue Cycles Peugeot comportant une quinzaine de modèles, le Lion a été la première marque automobile à s’être aventurée sur le marché de la trottinette en développant la E-Kick en 2016. Un an plus tard, c’est BMW qui proposait sa trottinette électrique BMW Motorrad X2 City, pensée en collaboration avec le fabricant de cycle ZEG. Fin 2020, la marque Ford a, quant à elle, racheté la start-up américaine de trottinette en libre-service Spin. Une acquisition visant à créer une nouvelle division, la Ford Smart Mobility, pour faire évoluer le statut du constructeur automobile vers celui de « fournisseur de mobilité ». Une étiquette qui s’impose aussi pour Seat, à l’origine de la trottinette eXS KickScooter conçue en partenariat avec Segway.
>> À LIRE AUSSI : Seat inaugure la location de bateaux électriques aux Baléares
Deux autres constructeurs, déjà tournés vers le canal des motos et scooters, ont aussi décidé de se mettre aux cycles. En octobre dernier, le Japonais Yamaha a ainsi dégainé trois vélos électriques au lancement prévu en France au premier trimestre 2023. L’Allemand Porsche, lui, a sorti, en 2021, ses propres VAE inspirés de la Porsche Taycan : les eBike Sport et eBike Cross. Toutefois, ces modèles se situent dans une grille tarifaire élitiste, puisque coûtant entre 8 000 et 10 000 euros. Enfin, la marque de luxe Bugatti et le Suédois haut de gamme Polestar ont eux aussi mis sur le marché des vélos de course électriques et onéreux.
Les marques automobiles varient donc leurs produits, mais aussi leurs fiches de missions. La preuve avec la marque mobilité de Renault Group, Mobilize, qui s’est alliée à la start-up Logiroad en vue de développer des solutions pour réduire le coût de maintenance des infrastructures routières et améliorer la sécurité routière. De même, Mobilize Financial Services – ex-Diac et filiale de Renault Group – s’est récemment inscrite dans le monde de l'assurance et a même dévoilé une nouvelle entité dédiée à la location longue durée : Mobilize Lease&Co. Son objectif : étendre et uniformiser les offres locatives de Renault Group en Europe ainsi qu'en Amérique latine, afin d'atteindre, à l'horizon 2030, une flotte d'un million de véhicules contre 350 000 aujourd'hui. Parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même…
Parallèlement, en juillet 2022, le groupe automobile Stellantis a lui aussi annoncé la mise en place d’un nouveau programme de location longue durée dédié aux véhicules électriques afin d'assurer des prix compétitifs à ses clients : « Electric As You Go ». Sur le créneau de l’abonnement automobile, c’est cette fois Citroën qui a imaginé une nouvelle manière de « consommer de la mobilité » avec une variété d'énergies, une durée d'engagement et un kilométrage mensuel variables. La filiale française du constructeur japonais Suzuki a, elle, conclu un rapprochement avec le loueur ALD Automotive en vue de donner naissance à Suzuki Lease, une offre de location longue durée BtoB.
MyRenault, Mercedes Me, Suzuki Connect, etc. Les constructeurs ont désormais l'opportunité de prouver qu’ils maîtrisent en interne divers pans de la technologie en liant leur véhicule aux smartphones des clients. Mais aussi en développant des applications censées faciliter la vie des conducteurs. Volkswagen Group France entend ainsi participer à la démocratisation de l’électromobilité en lançant Shargy, une application envisageant la création de la plus grande communauté de bornes de recharges pour les particuliers sur le territoire français. Volvo Cars, de son côté, a fait appel au savoir-faire d’Epic Games pour proposer une technologie de visualisation photoréaliste en temps réel à bord de sa nouvelle génération de véhicules.
Dans un désir de modernisation et de créativité, nombre de constructeurs s’orientent aussi vers le secteur des NFT mais aussi de la mobilité autonome. L’équipementier automobile français Valeo et le constructeur premium allemand BMW ont, de ce fait, signé un accord de partenariat pour le traitement des fonctions Adas des modèles de prochaine génération de la marque Premium allemande. Au rayon des innovations, les champs d’expérimentation s’avèrent plus importants dans le domaine du sport automobile que de l’automobile de série. Afin de laisser libre cours à des concepts futuristes et moins contraints que pour la production de masse, les constructeurs se détournent donc des usines pour s’impliquer de plus en plus ardemment sur les circuits.
De constructeurs, certaines marques automobiles sont devenues, en électrifiant leur gamme, des opérateurs de bornes de recharge. L’Américain Tesla en est la plus probante illustration, lui qui compte 800 Superchargeurs rien qu’en Europe. Le Vietnamien VinFast, lui, a décidé de faire équipe avec Shell Recharge Solutions pour l’installation de la recharge au domicile de ses clients. Mercedes-Benz France, de son côté, s’est alloué les services du robot de charge autonome Charles de Mob-Energy. Se plaçant en testeurs d’innovation comme la conduite autonome donc, certaines marques font aussi le pari d’expérimenter l’hydrogène à grande échelle comme Toyota et sa ville laboratoire Woven City. Touche-à-tout, le constructeur nippon propose aussi son service d'autopartage va être proposé aux habitants de Valenciennes via Kinto, sa marque dédiée aux services de mobilité.
Dans la même veine, le groupe allemand Volkswagen a présenté son projet « goTOzero » sur l’île grecque d’Astypalée afin d’en faire un exemple de la décarbonation totale de la mobilité et un lieu pionnier du tourisme durable. Plus léger, Porsche a inauguré, en France l’été dernier, un pop-up store dans la station balnéaire du Touquet-Paris-Plage, concentré de l’univers de la marque, avec un focus sur l’électrique. Entendant lutter à sa manière contre le réchauffement climatique, Volvo Cars a quant à lui mis en place la structure « Accelerating to Zero », présentée comme « un large groupe de parties prenantes déterminées à faciliter et accélérer la transition vers une mobilité zéro émission ». Mobilité paraît donc avoir remplacé le mot voiture dans les discours.
Par conséquent, n’y aurait-il plus que les constructeurs chinois pour croire en la « bagnole » ? À l’image du groupe groupe BYD qui va lancer deux nouvelles marques automobiles… Le domaine de l’auto se trouve en tout cas de plus en plus investi par des géants de l’électronique et de la téléphonie comme Apple ou Foxconn. L’entreprise taïwanaise spécialisée dans l’électronique ambitionne ainsi de constituer 5 % du marché mondial des voitures électriques d’ici à 2025. Pour ce faire, elle espère produire des véhicules pour le compte d’un autre poids lourd de l’industrie automobile : Tesla. Dans le même temps, et suite à la création de leur coentreprise, le constructeur automobile Honda et le géant japonais Sony se sont ensemble lancé dans la commercialisation d’un véhicule électrique premium en 2026. La voiture devrait donc encore exister dans une décennie mais ne concentrera plus tous les efforts des marques « automobiles ». Question de survie…
L’événement à la une
Fleet and Mobility Managers Club
Recevez vos newsletters gratuitement
Les dernières vidéos
Essai – Audi Q8 e-tron : du neuf avec du vieux
20/12/2022
Vidéo de la semaine du 12 au 16 décembre 2022
19/12/2022
Les plus lus
Cote d’amour des constructeurs : le palmarès de l’édition 2022
Abonnement automobile : Citroën devient la première marque de Stellantis à se lancer
Sale temps pour les concessionnaires Jaguar Land Rover
Geely tisse sa toile au niveau mondial
Tesla ouvre son plus grand centre français à proximité de Paris
Nous vous recommandons
Contournant un contexte difficile et le ralentissement du marché français des véhicules particuliers neufs (- 9 %), Dacia poursuit sa progression avec des immatriculations à + 3 % sur les onze premiers mois de l’année. Thomas Dubruel,…
Événement