Geoffroy Lejeune : “J'ai roulé en trottinette électrique, bienvenue dans l'enfer totalitaire d'Hidalgo” – Valeurs actuelles

Amis lecteurs, avant toute chose un petit avertissement: ceci est un pamphlet antitotalitaire. Loin de moi l’idée de comparer ce récit à l’Archipel du goulag, qui permit à Soljenitsyne de faire éclater à la face du monde l’horreur de l’URSS, mais une récente expérience me permet aujourd’hui de mettre en garde contre les ravages de l’idéologie portée et appliquée par madame Anne Hidalgo, maire de Paris, et avec elle tout ce que notre pauvre pays compte de brailleurs écologistes, insoumis, qu’ils polluent les débats à l’Assemblée nationale ou exercent leurs méfaits dans les municipalités récemment conquises : Lyon, Bordeaux, Poitiers, Strasbourg, Grenoble, Tours, Annecy, Besançon…
Les hasards malheureux de la vie — une suspension provisoire de permis de conduire — ont fait de moi, récemment, un piéton. Je vis et travaille à Paris, me déplace beaucoup en journée, j’ai donc dû tester d’autres modes de “mobilité urbaine éco-responsable”, comme disent les 417 communicants de la mairie de Paris (plus de 20 millions d’euros de coût annuel, selon un rapport de la Chambre régionale des comptes publié en 2017). Un ami croyant bien faire propose de me prêter sa trottinette électrique, qui somme toute peut dépanner dans ma situation. J’ai entendu la propagande sur la nouvelle monture chérie par les cadres de la finance soucieux de profiter des pistes cyclables payées par leurs impôts et par les bobos masqués électeurs de Jadot, trop heureux de respirer de plus près, entre deux séances de yoga feng-shui, le bon air des pots d’échappement : c’est génial, ça ne pollue pas, on va plus vite, on sauve la planète. Bla, bla, bla.
Si on était dans Disney, ce serait l’affrontement entre la patrouille des éléphants et 1001 pattes.
Dans l’optique de vous faire profiter, amis lecteurs, de cette expérience (sans trop tuer le suspense, l’idée est de vous dégoûter de la trottinette ou de vous faire regretter d’en avoir acheté une), je me lance, un beau matin.
Laissez-moi vous décrire cet engin de malheur : ça décolle au quart de tour, dès que le pouce effleure l’accélérateur, laissant le moteur électrique émettre un petit sifflement sournois, tel le son d’un furet en phase d’asphyxie. On s’y retrouve perché légèrement en hauteur, un pied bien stable sur le plateau, l’autre en suspension faute de place, à guetter la mort au tournant. On est privé de trottoir, condamné à partager la chaussée avec des véhicules vindicatifs, ou parfois autorisé à emprunter les couloirs de bus : si on était dans Disney, ce serait l’affrontement entre la patrouille des éléphants et 1001 pattes. Pour donner une idée du danger permanent quand on roule en trottinette : même un homme-soja élevé à la graine de courge et biberonné au jus de betterave lacto-fermenté, lorsqu’il roule en Vélib, paraît être un molosse indomptable. Très vite donc, la question de la survie à court terme se pose de manière lancinante.
Un peu plus tard dans la journée, j’effectue avec mon ami Louis de Raguenel, rédacteur en chef du service politique d’Europe 1, un trajet entre sa radio, d’où je sors après un débat, vers CNews, qu’il rejoint pour une émission. Dans un tunnel, il se voit obligé de se positionner derrière moi avec son scooter pour m’offrir une “escorte” (Louis a beaucoup retenu de son passage place Beauvau il y a dix ans) qui me protège d’une collision. Arrivés à la télé, il me regarde d’un air qui veut dire « tu es ridicule » et me gratifie d’un très versaillais (c’est à dire poli et compatissant) « c’est hyper dégradant ».
Avantages de l’objet (ça va aller vite) :
Inconvénients (liste non exhaustive):
Je peux l’affirmer désormais : dans la chaîne alimentaire de la route, le trottinétiste (ce n’est pas une blague, ils s’appellent ainsi, mais on peut aussi préférer les nommer “trotteurs”…) est situé tout en bas, juste en dessous du piéton (lui a les deux pieds vissés au sol, tellement solide sur ses appuis qu’il en est devenu arrogant, traversant les rues au gré de ses envies, auréolé de sa certitude qu’une petite moue et un geste de la main peuvent arrêter une voiture comme Moïse ouvrit la mer rouge). Juste au niveau du skateboard. Ou de celui, peut-être, du chien écrasé qu’on croise le long de la glissière de l’autoroute et dont on se demande quel était le projet. Tu voulais prouver quoi ? A qui ?
Inutile de comparer les chances de survie du “trottrider” (autre dénomination, comble du ridicule) à celles du chauffeur de poids lourd ou du simple automobiliste, ni même du motard ou du conducteur de deux roues : imaginez simplement la collision entre eux et vous saurez rapidement lequel finit en chili con carne.
Je pense à nos ancêtres et me demande ce que diraient les Francs, les croisés, les grognards, les poilus, les résistants, s’ils savaient qu’on avance désormais en équilibre sur une planche en zigzagant, portés par un moteur pour éviter de trop se fatiguer ? Mais l’avenir est plus angoissant encore. Cette guerre n’a rien d’anodin : au nom de la planète, de l’écologie, de l’Ukraine ou que sais-je encore, on continuera à persécuter le mauvais automobiliste et on précipitera des innocents dans le système infernal de la mobilité citoyenne verte et durable. D’ici deux, trois ou quatre ans, le plan ZFE (zone à faibles émissions) du grand Paris privera quinze millions d’automobilistes de l’accès à la capitale, et ces pauvres hères se percheront sur des véhicules électriques ultra-dangereux ou basculeront dans la clandestinité (mais il faudra anticiper un budget pour les amendes de stationnement ou de non-respect des interdictions, car s’il est un domaine où les pouvoirs publics ne sont jamais, jamais, jamais pris en défaut d’efficacité, c’est bien dans celui de la spoliation, qu’il s’agisse du recouvrement des impôts ou des contraventions. Anne Hidalgo, ses amis écologistes et tous leurs complices auront alors réussi à imposer au nom d’une prétendue vertu ce que nombre de totalitarismes ont échoué à faire accepter dans le temps : la fin de la liberté de circuler.

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