Denis Saada, CEO de Betterway : « Pour que le citoyen se passe de voiture, il faut le rassurer avec une multimodalité cohérente » – Forbes France – Forbes France

Face à la hausse du prix des carburants et l’inflation à venir du coût de l’énergie, les mobilités durables se présentent comme une alternative viable – en plus d’être bénéfique pour la planète. Pour Forbes France, Denis Saada, CEO de Betterway, nous explique comment sa start-up facilite la gestion des mobilités des RH et encourage la multimodalité des moyens de transport.
Dans quel contexte est né Betterway ?
En 2019, nous avons identifié une opportunité réglementaire avec l’adoption de la loi Mobilités Durables et notamment l’instauration d’une défiscalisation sur les moyens de mobilité plus propres. Cette dernière étant passée de 400 à 800 € par salarié chaque année.
Cette loi s’inscrit dans la continuité d’une évolution plus profonde des mobilités : nous sommes passés d’un modèle binaire privilégiant la voiture et les transports en commun à du multimodal avec un recours plus marqué aux vélos ou encore aux trottinettes.
Face au contexte de multiplication des mobilités, les entreprises ont besoin de trouver une solution pour s’adapter. La mobilité est devenue un sujet complexe à gérer et c’est pour cela que nous avons créé Betterway : pour à la fois satisfaire les salariés en termes de mobilité et simplifier le travail des RH. Nous avons pour cela mis en place une carte permettant de payer des moyens de mobilité chez plus de 8 000 partenaires en France.
Nous nouons de plus en plus de partenariats stratégiques avec des grandes entreprises et des distributeurs, signe que le marché se développe. Par exemple, nous avons signé un accord stratégique avec Edenred, leader des avantages salariés, qui nous donne une portée nationale, voire internationale. Un autre accord a aussi été conclu avec SNCF qui permet aux détenteurs de la carte Betterway depuis mi-septembre de régler leurs déplacements professionnels (trajets domicile-travail, trajets en trains courtes et longues distances, et abonnements) depuis le site et l’application SNCF Connect.
Qu’est-ce que l’instauration du forfait Mobilités Durables change dans l’entreprise ?
Ce Forfait Mobilités Durables est né de la pression exercée par les villes sur le pouvoir public mais aussi par les salariés vis-à-vis de leur entreprise. En réponse à la taille critique d’utilisateurs de mobilités alternatives, les entreprises ont commencé à s’y intéresser réellement à la sortie de la crise sanitaire.
Auparavant, l’entreprise proposait basiquement soit une voiture de fonction, soit un défraiement d’abonnement aux transports communs par simple présentation du justificatif. Mais la mobilité devient désormais un sujet d’autant plus crucial, qui se développe au même rythme que tous les sujets liés à la RSE. Pour rappel, le secteur des transports est la première source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, avec près de 30 % des émissions totales.
Et au-delà de l’enjeu environnemental, c’est aussi une question de qualité de vie au travail et d’adaptation aux nouvelles attentes des collaborateurs en matière de flexibilité – notamment vis-à-vis de leur lieu de travail. D’après nos statistiques d’usage, nous constatons que plus du tiers des salariés utilisent plusieurs moyens de mobilité.
Si nous libérons tous les usages et le moyen de les financer, de plus en plus de salariés vont logiquement s’intéresser à la multimodalité. C’est une promesse forte qui incite au retrait la voiture individuelle.
Il faudrait donc en finir avec le recours à la voiture individuelle pour se rendre au travail ?
Je suis convaincu que la priorité reste de réduire le recours à la voiture thermique et ce n’est pas uniquement le vélo qui résoudra le problème mais bien tous les moyens de mobilité. Ils deviendront une alternative crédible aux yeux des citoyens si leur cohésion est assurée. Le Forfait Mobilités Durables est très innovant en ce sens car il permet de mettre tous les dispositifs au sein du même panier.
La voiture de fonction occupe d’ailleurs une place encore trop importante dans les entreprises ; cela concerne des millions de salariés en France. Mais ce modèle sera amené à tomber à mesure que la mobilité en entreprise évolue.
Les raisons pour lesquelles les salariés délaissent progressivement la voiture de fonction sont multiples. Déjà par conscience écologique mais aussi tout simplement par hantise des bouchons. Chez Betterway, nous proposons une offre de crédit mobilités qui permet aussi de récompenser les comportements vertueux : concrètement, à la place de la voiture de fonction, une poche d’argent servant à financer d’autres moyens de mobilité.
La multiplication rapide des moyens de micro-mobilité en ville ont aussi provoqué de vives réactions… Je pense notamment à l’arrivée décriée des trottinettes électriques sur Paris juste avant l’irruption de la crise sanitaire.
Elles sont quoi qu’il arrive moins polluantes que la voiture électrique – du fait de leur poids global largement inférieur. Et elles aussi nous permettront de sortir de quasiment un siècle de voiture. Ce n’est pas une tâche aisée car les villes, les écosystèmes et toute l’industrie ont été façonnés en fonction d’elle.
Je pense qu’interdire la trottinette électrique ne va pas dans le bon sens. Nous avons juste besoin de mieux travailler notre collaboration avec les offreurs pour que les solutions deviennent pertinentes. C’est d’ailleurs ce sur quoi la mairie de Paris est en train de réfléchir en ce moment.
Depuis, ces offreurs de trottinettes électriques ont fait des efforts : ils ont instauré des zones de stationnement dédiées ainsi que des zones de réduction de vitesse. Les efforts ont aussi concerné l’amélioration de la recyclabilité. 
Aujourd’hui, un trajet sur deux en Île-de-France se fait en voiture alors qu’on a énormément de réseaux de mobilité possibles. Pour que le citoyen se passe de voiture, il faut le rassurer avec une multimodalité cohérente.
Est-ce que l’accès à ces mobilités alternatives ne concernera que les citadins de grandes villes ?
Cette grande tendance vers les mobilités alternatives ne concerne pas que Paris, elles sont aussi présentes dans de nombreuses métropoles et villes moyennes françaises. Le mouvement commence à rayonner au-delà des grandes agglomérations et les opérateurs se développent de plus en plus dans des zones davantage périphériques ou pavillonnaires.
Saint-Quentin-en-Yvelines a par exemple déployé de nombreux moyens de mobilité pour assurer le trajet du dernier kilomètre. Autrement dit, permettre aux habitants de se déplacer facilement de leur domicile jusqu’au train qui les mènent dans le centre de Paris pour aller travailler. Depuis le 7 mai, une flotte de trottinettes électriques en libre-service a été déployée en ce sens.
De la même manière, nous avons aussi contribué à la mise en place d’un système d’auto-partage pour des ouvriers qui se rendent chaque jour en zone industrielle de Strasbourg pour travailler.
Notre rôle est de trouver une ou plusieurs solutions adaptées aux besoins tout en libérant les usages qui n’existaient pas auparavant. Et force est de constater que l’incitatif marche : 30 à 50 % des salariés qui bénéficient du forfait ont adopté le multimodal !
 
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